•  

     

    Radio Amérindienne dans le Dakota du Nord et dans le Dakota du Sud,

    Bruce Smith et M. L. Cornette, University of South Dakota.

     

    Étrange mélange de speaker et de babillard de camp, le "Eyapaha" d’une Communauté traditionnelle de Sioux Lakota est la personne qui sillonnait le campement pour diffuser l'information relative aux plans de la journée. Cette tradition orale se poursuit aujourd’hui par le biais des stations de radio Communautaire appartenant à des Amérindiens et gérées par des Amérindiens.

    Michael Krauss, Directeur de "l’Alaska Native Language Program" à l'University of Alaska Fairbanks, a déjà dit que les médias occidentaux s’assimilent à une nuée de gaz toxique, qui détruit l’identité culturelle et la langue des collectivités indigènes. Depuis plusieurs générations déjà, de puissants émetteurs AM qui diffusent à partir de localités distantes étaient la seule voix radiophonique à parvenir jusqu’aux zones rurales peuplées par de nombreux Autochtones. Ces stations présentent une programmation en langue anglaise qui charrie une culture et des valeurs occidentales jusque dans le foyer des Amérindiens. Presque rien à voir avec la culture et les préoccupations des Autochtones.

    La première station radio appartenant à des Autochtones fit son apparition en 1971. Aujourd’hui, il existe plus d’une vingtaine de stations amérindiennes de par les États-Unis, et ce nombre augmente à raison d’une ou deux unités par an. Rien que dans les États du Dakota du Nord et du Dakota du Sud, on compte six stations de radio Communautaire qui représentent les Réserves Indiennes.

    KINI, KILI et KLND-FM sont les porte-parole des Sioux Lakota, tandis que KSWS-FM dessert la Réserve des Sioux Dakota.

    KMHA-FM représente les trois Tribus affiliées des Mandan, Arikara et Hidatsa, tandis que KEYA-FM dessert la Réserve des Chippewa.

     

    KILI RADIO 90.1 The Voice of the Lakota Nation, à Porcupine

    En ondes depuis 1983, KILI-FM est bien représentative de ce qu’est une Station Amérindienne dans les deux États du Dakota. Elle dessert le peuple Lakota dans la Réserve de Pine Ridge, vaste territoire (50 x 100 milles), située dans le Centre du Dakota du Sud. "La Voix de la Nation Lakota", tel est le slogan qui motive le modeste effectif de six employés et d’une douzaine de bénévoles d’antenne. La programmation plutôt ambitieuse, souvent en direct, porte sur les grands événements sur la Réserve, y compris les réunions des Conseils de Tribu, les Pow-Wow, les audiences publiques et les manifestations sportives.

    "Être maître de ses médias c’est être maître de sa destinée."

    La station radio KILI se voit comme un joueur clé dans la préservation du patrimoine linguistique, raison pour laquelle elle diffuse essentiellement en langue Lakota. Parfois, on présente simultanément deux contextes culturels, décrits par l’annonceur du "Morning Wakalyapi (café) Show", qui s’exprime tantôt en Lakota tantôt en Anglais, mais qui présente une programmation de musique et d'information à caractère strictement Amérindien.

    L’histoire des Grandes Plaines rend l’emplacement de la station KILI tout à fait symbolique pour la culture locale. On se trouve à peine à quelques minutes au nord de Wounded Knee, lieu des atrocités de 1890 commises par la Cavalerie Américaine à l’endroit d’une bande de 350 hommes, femmes et enfants Sioux Minneconjou. Plus de la moitié des Indiens avaient alors été massacrés. Par la suite, les Indiens des Plaines n’offrirent plus jamais de résistance réelle aux colons, jusqu’au siège, en 1973, mis par l’American Indian Movement (AIM). Rappelons que l’AIM fut fondée en 1968 à Minneapolis pour protéger la culture traditionnelle des Indiens, recruter l’aide juridique nécessaire, et apporter son concours aux Collectivités Indiennes en ce qui a trait aux droits et traités relatifs à la subsistance des Autochtones (chasse et pêche).

    La prise de Wounded Knee (Dakota du Sud) par l’AIM en 1973 a sensibilité le public à la puissance des médias électroniques chez les Indiens. Les dirigeants du groupe furent de plus en plus convaincus que les Indiens devaient se doter de leurs propres voix médiatiques. La chercheuse canadienne Marianne Stenbaek devait d’ailleurs traiter de cette question lorsqu’elle écrivit, déjà en 1980, qu' "être maître de ses médias c’est être maître de sa destinée" (traduction libre).

    Leonard Bruguier, Directeur de l’Institute of American Indian Studies à l'University of South Dakota voyait, pour sa part, le bienfait d’une Radio Amérindienne qui permet le lien au sein de la grande famille. Non seulement celle-ci permet-elle d’informer les gens, elle les aide aussi à préserver et valider la langue et la culture Indienne. Bruguier devait affirmer que les Indiens possèdent une forte tradition orale, et que la Radio Amérindienne est donc devenue la nouvelle "voix du peuple".

    Les six stations des États du Dakota jouent donc le rôle du "eyapaha", en ce sens qu’elles réunissent les Collectivités constituant leur auditoire pour leur présenter les grandes questions de la journée. En sachant adopter les technologies de l’heure, les Peuples autochtones des Dakota pratiquent une Radio Communautaire qui s’harmonise parfaitement avec leurs traditions orales.

     

    Ethnographie

     

    Les États du Dakota du Nord et du Dakota du Sud font partie des Prairies qui occupent la région Centre-Nord des USA. Ces États abritent de nombreuses Nations Amérindiennes établies dans des Réserves ou des territoires tribaux qui sont, pour l’essentiel, autogérés.

    Les principales peuplades sont celles des Sioux Lakota, Nakota et Dakota. Celles-ci représentent la majorité de la population autochtone du Dakota du Sud.

    Le Dakota du Nord présente une population amérindienne plus diversifiée incluant les Mandan, Arikara, Hidatsa et Chippewa, en plus des Sioux Lakota.

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires